Emission de mai – Treasure isles

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Prézident Markon tire son titre pour l’émission de ce mois-ci de Treasure Isles, le légendaire label jamaïcain dirigé par l’ex-flic Duke Reid, qui se déplaçait à Kingston avec un pistolet à la ceinture.
Le label a contribué à l’évolution du ska vers le rock steady, puis vers le reggae et le dub. Après une brève escale dans les îles aux trésors africains de La Réunion et du Cap Vert, notre Prézident navigue en haute mer pour assouvir sa passion des rythmes caribéens. Il n’a pas fini de danser. Mais sacrebleue ! Pourquoi pas de zouk ?
Les actualités musicales
Cristiano Nascimento & Claire Luzi: C’est L’Heure du Bœuf (InOuïe Distribution)
La mandoliniste et chanteuse Claire Luzi est une passionnée du choro brésilien et elle s'associe ici à un maître de la guitare acoustique brésilienne à sept cordes, Cristiano Nascimento, que j'ai présenté le mois dernier comme l'une des moitiés du duo de guitares avec Wim Welker qui a fait ensemble Portraits, un bel album introspectif. Luzi et Nascimento unissent leurs instruments sur la bande originale de l'histoire illustrée de Dominique Dreyfus et Sylvain Barre d’un enfant, de bœufs, de brésilien et de bistrot parisien. Mon seul problème : je suis un végétarien, un rosbif qui n’aime pas du bœuf.
Alun Wade: New African Orleans (Enja)
Pour son sixième album, ce bassiste, fils d'une star sénégalaise des brass-bands des années 60, part « vers l'ouest [pour] entamer une conversation musicale avec les meilleurs artistes, tant au Nigeria qu'aux États-Unis ». Les 11 morceaux, à la fois des originaux et des standards comme « Watermelon Man » de Herbie Hancock, exploitent les talents d'invités comme le batteur de la Nouvelle-Orléans Herlin Riley, le percussionniste cubain Pedrito Martinez, et Olaore Muyiwa Ayandeji au talking drum. Avec des claviers, des cuivres particulièrement ardents, la voix de Wade et sa basse funky, c'est un album très agréable qui mélange l'Afrobeat, le Juju, la fanfare de la Nouvelle-Orléans, le funk du Parliament et bien d'autres choses encore dans un gumbo savoureux.
Brain Damage, Emiko Ota & Mad Professor: Oide Oide (Jarring Effects)
L'un des pionniers de la scène dub en France depuis la fin des années 1990, Martin Nathan a publié 17 albums sous le nom de Brain Damage, producteur et musicien expérimental. Sa récente collaboration avec Big Youth a été un véritable enchantement. Cette fois, il s'associe à l'artiste pluridisciplinaire japonaise d'Osaka Emiko Ota et à Neil Fraser ou Mad Professor, figure de proue du dub anglais, pour un album hors norme qui défie toutes les étiquettes et les catégories. Qu'on le qualifie ou non de post dub, Oide Oide est assurément expérimental et stimulant – et extrêmement gratifiant.
Artistes Variées : Roots Rocking Zimbabwe – The Modern Sound of Harare’s Townships 1975-1980 (Analog Africa)
Chaque compilation publiée par le label allemand Analog Africa requiert notre attention. Celle-ci ne fait pas exception. Cette fois-ci, les infatigables « crate-diggers » ont fouillé dans les vieux disques du Zimbabwe - et en particulier ceux qui proviennent des townships de la capitale du pays, Harare. Ceux qui connaissent la musique de Thomas Mapfumo ne manqueront pas d'écouter deux titres inédits parmi les 25 exemples de musique rude, brute et exaltante d'Afrique australe. Comme d'habitude, le livret de 44 pages qui accompagne l'album offre une lecture historique et sociologique passionnante.
Natalia Bernal : En Diablada (Outside in Music)
On pourrait dire que cette chanteuse et compositrice chilienne de la région d'Atacama, aujourd'hui installée aux États-Unis, est une chanteuse de jazz ou plutôt « world-jazz », mais sa musique ne se résume pas à cela. Ses chansons (je suis informé) parlent des rêves du désert d'Atacama et de ses habitants, et sa voix envoûtante ressemble parfois à celle de la diva péruvienne Susanna Baca. Son excellent groupe d'accompagnement est composé de musiciens d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud et les neuf numéros envoûtants fusionnent sa musique folklorique natale avec des éléments de jazz, de blues et de rock. Natalia Bernal fait également partie du trio de world jazz La Voz de Tres, mais En Diablada est le premier album publié sous son propre nom et il promet beaucoup pour l'avenir. Il est disponible sur Bandcamp et sur les principales plateformes de streaming.
Julia Mestre : Maravilhosamente Bem (Mr. Bongo)
Les quatre membres de Bala Desejo ont passé la période de confinement du COVID ensemble dans un appartement de Copacabana. C’était une période productive, car le premier album du groupe, SIM SIM SIM (également sorti en Europe sous le label Mr. Bongo), a remporté le Latin Grammy du meilleur album pop contemporain en langue portugaise. C'est un véritable bijou. Après le premier album solo de sa co-chanteuse Dora Morelenbaum, Pique, sorti à la fin de l'année dernière, Julia Mestre vient de sortir son troisième album solo. C'est également un bijou : un mélange pétillant de disco contemporain, de MPB (Música popular brasiliera), de funk, de pop et de tout ce qui est doux et délicieux, qui donne envie de s'envoler pour Rio et de rester à danser sur la plage jusqu'à la tombée de la nuit.
Jaime Ospina: The Vessel (Jaime Ospina)
Disponible sur Bandcamp à partir du 24 mai, The Vessel est le premier album solo du compositeur et multi-instrumentiste colombien qui est un membre clé du groupe latin primé d'Austin, Texas, Superfónicos. Aussi bon qu'ait été leur récent album, The Vessel est sans doute encore meilleur et constitue déjà un candidat sérieux à mon meilleur album de l'année. Largement instrumental, c'est un mélange captivant de cumbia, de reggae, de jazz Afro-latin et de rythmes Afro-caribéens, caractérisé par les sons hypnotiques de la gaita (flûte colombienne), de la marimba et de percussions étincelantes. En fin de compte, l'album célèbre la résilience de la musique africaine d'une manière qui vous laisse désireux d'en écouter plus que les dix titres richement variés qu'il propose.